L'objet de mon affection -=- Stephen McCauley
Voilà un roman que je voulais lire depuis longtemps et qui ne m'a pas déçue! Je partais de la sympathique comédie sentimentale du même nom (mettant en vedette Jennifer Aniston) que j'ai vue il y a plusieurs années et qui m'a laissé un très bon souvenir. Sans doute parce que j'ai déjà eu une amitié ambiguë avec un ami homosexuel. Ou parce que je suis une romantique-finie? Un peu des deux, je suppose. Toujours est-il que lorsque j'ai su que c'était une adaptation, j'ai tenté de me procurer le roman. C'est Joelle qui l'a trouvé, merci encore!
C'est très très bon. Mais aussi très différent du film. Néanmoins, même si je préfère le roman, je comprends très bien le choix cinématographique. Le film, si vous l'avez-vu, nous propose plutôt la vision de Nina. Mais avant de me perdre en comparaison, je vous éclaire: c'est l'histoire de George Mullen qui débute alors qu'il apprend la nouvelle de la grossesse de sa colocataire Nina. Bébé qu'elle attend d'Howard. George fait un retour en arrière pour nous mettre en contexte et nous relater comment il est devenu ami et colocataire avec Nina.
C'est son histoire d'amitié avec elle, dans l'appartement qu'ils partagent à Brooklyn. De leur amitié particulière. Ils se sont rencontrés à une fête où ils s'ennuyaient tous les deux et une circonstance particulière les amène à vivre ensemble.
Leur affection a été rapide et réciproque. Ils sont devenus, sans même s'en rendre compte, comme un vieux couple. Et cette grossesse marque le point tournant. Nina propose à George d'élever l'enfant avec elle.
George, homosexuel affranchi, qui travaille à la maternelle d'une école huppée de Manhattan, ne songeait pas à devenir parent. Est-il prêt à jouer ce rôle? L'accepter, n'est-ce pas donner de faux espoirs à Nina? Il l'aime, c'est certain, mais l'aime-t-il au point de se leurrer lui-même?
C'est une histoire magnifique sur l'amour et l'amitié, pleine de détails comme je l'aime. Le roman est plus lent, plus introspectif que le film (où George est plutôt un personnage secondaire). Ici, George est un personnage bien fouillé, qui a toujours une réflexion ou une réplique mordante pour dédramatiser ou faire dans l'auto-dérision. La trame, elle, est assez proche jusqu'à la moitié du roman et ensuite prend un chemin bien moins fougueux que le film. Il n'est pas question de la relation «particulière» qu'entretient Paul avec le vieux metteur en scène (si ma mémoire est bonne), mais ça ne sort pas de nulle part à mon sens et s'inspire de personnages très secondaires (j'en conviens). Mais l'essence est là, plus subtile, mais bien présente. Ce qui ne me fait pas, au final, renier l'adaptation...
Bref, le roman est nettement plus intéressant -voui!- et rempli d'humour. (Rien pour se rouler par terre, mais pour nous laisser un sourire tout le long, ça oui!) Voilà une lecture qui met du baume au coeur sans pour autant y aller d'un happy-end à la sauce hollywoodienne, rassurez-vous! (J'en parle bien mal, je trouve... rien ne vaut la lecture, je pense que vous ne serez pas déçus!) 4.75/5